• Bisimbi bia avenue Thys (aujourd'hui KasaVubu)

    Ce n’est pas par un hasard que nous ayons décidé de débuter notre mini palmarès avec les « anciens » de l’avenue THYS. Au contraire, par ce choix, nous avons voulu honorer un homme, le Commandant Albert Thys, celui-là à qui  nous devons la construction de notre pitorresque cité. Cette belle rue, avec ces parcelles, jadis bordées des fleurs et/ou parfois entourées des fils de fers communément appelées kanga moyibi fut dédiée à la gloire de son bâtisseur. Dans le cadre de la politique de l’authenticité, l’avenue Thys fut aussi débaptisée et porte jusqu’à ce jour le prestigieux nom de Kasa Vubu, en souvenir à celui qui fut le père de l’indépendance et premier Président du Congo. C'est tout un symbole pour les bakongo.

    Avant l'indépendance, sur cette avenue, on avait installé un haut parleur dans la parcelle de Tata Etienne Bakula. A partir de ce poste, les indigènes qui n’avaient pas encore des radios individuels dans leurs familles, pouvaient suivre non seulement les émissions diffusées par la radio du Congo Belge, mais aussi les annonces et communiqués émanant des autorités locales. En vue de soulager les habitués du marché central, un WC et des douches publiques furent érigées sur cette avenue. Cette construction fut à l’origine d’un incident qui provoqua la mutation de Papa Lukoki à Mushie. Des eucalptus étaient plantés tout au long des avenues et servaient de lieu de repos ou de refuge contre les rayons du soleil. Sur le plan culturel, le dancing Mutuelle Bar de Papa Ali Sidi fut un véritable carrefour et le lieu de distraction préféré des disciples de bacchus. Des échauffourés de tous genres nécessitant souvent l'intervention des PM (Policiers Militaires) étaient signalés à cet endroit très chaud où les femmes dites légères, se mettaient en vedettes au grand bonheur des habitués du coin.

    Avant de parler de ces hommes qui ont vécu sur cette avenue, nous signalons à nos lecteurs qu'au commencement, le grand marché de NSONA NGUNGU qui fut à l'origine du choix de ce site, se tenait dans les parages de Mazanga ma ndeke (Bisimbi kaka bazeye fulu kiokio). Lorsque l’Etat, décida de rapprocher ce marché et son transfert dans les parages de la cité en construction, cet endroit fut dénommé NSONA NKULU qui prêtera son nom au camp militaire qu'on construisit dans les parages. Le nouveau marché fut installé en face de la gare des marchandises de l’OTRACO, à l’endroit où se trouve aujourd’hui, la station d’essence de COBIL (ex. Mobil Oil) et était identifié sous le nouveau vocable de NSONA MPA. Situé à quelques pas de la barrière de signalisation routière qui empêchait les véhicules de traverser la voie ferrée, lorsque le train roulait dans les deux sens sur cette partie de la Nationale n°1, ce marché constituait aussi la barrière naturelle qui séparait le quartier résidentiel de Noki réservé aux expatriés et la cité des indigènes qu’on désignait dans le jargon local sous le nom de Sanzela. Les premières maisons d’habitations desdites populations étaient construites dans l’emplacement où sera plus tard transféré le grand marché de Thysville, à côté du bureau du Centre extra coutumier. Pour mieux expliquer mon propos, sachez que l’actuelle parcelle où est construite l'église  de réveil fonctionnant en face du marché sur l'avenue Kasa Vubu portait le n° 5. Avant elle, il y avait deux autres parcelles portant respectivement les n°1 et 3. Mais lorsque les autorités décidèrent de récupérer cet espace pour y ériger l'actuel grand marché, ces maisons furent détruites et leurs propriétaires furent relogés ailleurs. La parcelle n° 5 devint le n° 1. Et ainsi de suite…

    Ainsi, au n° 1 de l’avenue Thys, il y avait une famille originaire du Kasaï. C´était la famille de Mama Marie Ngamba. Crispin qui a vécu dans le coin se rappelle encore d´Alphonse, un des enfants de cette fratrie, qui était certes beaucoup plus âgé qu’eux, mais fut l'un de leurs compagnons des jeux.

    Au n° 2, il y avait la famille de Papa Samuel Namata. Tata Namata avait une boutique où nous achetions tous nos produits de première nécessité (café, sucre, milk, sel, poisson salé, mpiodi, sardines, corned beef "lanta dia ngombe", pilchards, bonbons, Nkasu Kolo –une boisson sucrée très rafraichissante fabriquée à Nkolo Fuma - , pétrole, allumettes, bougies, etc...). Concernant les bonbons de Tata Namata qui étaient très prisés par la jeunesse, ils étaient de fabrication artisanale et l’unique ingrédient utilisé dans leur préparation était le sucre de canne. Tata Samuel Namata fut aussi l’un des premiers photographes que nous avons connu. Les premiers appareils de photos étaient très sophistiqués, car pour le captage des images, le photographe était obligé de s’engouffrer dans une sorte de boîte noire où était placé l'objectif, avant de déclencher son déclic. Chez Tata Namata, nous pouvons citer un de ses enfants dont le nom nous revient à l’esprit. Il s’agit de Matthieu Lumbu.

    Vint ensuite la Famille Lukoki que nous avons déjà présenté et sur laquelle, on ne va pas s’attarder aujourd’hui. Les parcelles situées au n° 4 et 6 leur appartenaient. Toutefois, il y avait ici, beaucoup des jeunes garçons, divisés en deux groupes. Le premier était formé des ressortissants de Cattier (Lufu Toto), tous étaient travailleurs à l´OTRACO, et le second était formé par des jeunes de Ngeba, qui étaient presque tous domestiques en ville chez les Mindele.

     

    En face de la Famille Lukoki vivait Papa Ndengani, un conducteur très connu qui travaillait chez M. Arnold, dont le garage était installé derrière l´hôtel Cosmopolite. Le fameux garagiste avait un fils mécanicien portant le nom de Albert dont les cheveux étaient roux. On se plaisait de l'appeler Kibuaka Nsuki.

     

    Au n° 8, juste après la famille Lukoki, il y avait la famille de Mama Honorine, de tribu Mbuza de Bumba (Province de l’Equateur). C’est la la famille de Michel Tinda, le grand ami de Crispin. La regrettée Honorine, grande soeur de Crispin portait ce nom, à cause des solides liens d´amitiés qui existaient entre leurs familles respectives. Quant à sa sœur Marie-Cécile, elle fut la marraine de Léonie, la soeur de Michel.

     

    En face de Michel, il y avait une famille dont nous avons perdu les repères avant que vienne s´y installer une autre, celle de notre ami Ngiri dont le papa travaillait à l'Otraco.

     

    Au coin après les parents de Michel, nous avons la famille de Nkaka Ida avec ses filles et ses petits fils. Ces derniers sont de la tribu Ngbandi et sont parentés avec le Général Bobozo. Maître Dokelo Gérard, avant qu’il n’aille s’installer sur l’avenue Elisabeth était locataire dans cette parcelle entre 1953 et 1955. Citons aussi parmi les membres de famille de Nkaka Ida, notre ami Honoré qui était Moniteur au village Bangu Langa pendant plusieurs années, de ses soeurs Angèle et Augustine, sans oublier ses frères Dédé et Pita.


    (Suite.1)

    Arrivé au croisement de la rue qui descend vers l´école Ste Thérèse jusqu´à la perpendiculaire de la famille de Parangle, nous avons 4 familles de chaque côté de l’avenue Thys. Nous avons oublié l’occupant de la première parcelle. La maison qui suivait appartenait  à Papa Manuele Panda, un mundibu de ntadi atypique avec sa coupe de chevelure  qui le distinguait des autres ngunguois de sa génération. Pandaméricain, dragomen devant l’éternel, travaillait pour son propre compte en qualité de tailleur. Il y avait aussi Papa Bernard Mangani qui lui aussi était tailleur et travaillait en compagnie de son cousin, le célèbre Saxophoniste Maproco.

    Avant d’arriver dans la famille de Parangle, il y avait la parcelle de Nkaka Catherine, une autre ngbandi, sœur aînée de Nkaka Ida de la famille du Général Bobozo.

    Après Nkaka Catherine, c’est la famille de notre ami Mambuene Parangle alias Kinzeba. C´est avec lui qu´on jouait au football et qu’on a vécu nos premières aventures de la vie dans notre âge d’adolescence. Plus loin, il y avait aussi de part et d’autre de la rue, deux parcelles. Toutefois, on se souvient seulement de la Famille de Mama Mundele, la mère de Simon Munsangi, futur goal-keeper des jeunes Dynamiques.

    En faisant un pas en arrière, de l’autre côté des numéros impairs, il y avait deux boutiques, dont l’une appartenait à Papa Philémoni Wumbu, un grand commerçant de son époque qui finit par émigrer sur l’avenue Tabora où il construisit une imposante maison.

     

    A Suivre

     

    Entracte
    Crispin nous a raconté une anecdote liée à une mésaventure qu’ils ont eu avec ses amis Parangle, Michel Tinda et Adolphe.

    Michel et Crispin venaient de faire connaissance avec deux soldats de la Force Publique résidant au camp Hardy. Boniface Ndonga et Ferdinand, étaient l’un de tribu muntandu et l’autre ressortissant du Bandundu. Il se fait que l’un des amis du quartier de Crispin répondant au nom d´Adolphe, était le neveu du Vieux Ferdinand. Aussi, ces deux militaires invitèrent de bonne foi les trois amis à leur rendre visite au camp militaire. C’est ainsi qu’un bon dimanche, Michel, Adolphe, Parangle et Crispin, descendirent très entoushiasmé au camp Hardy qu'ils allaient visiter pour la première fois. Malheureusement, une mauvaise surprise les attendaient au tournant, car dès leur arrivée au Camp militaire, une douzaine d´enfants des soldats leur tombèrent dessus par surprise. Ils voulaient connaître le motif de leur visite. Avec sa voix rauque, Crispin, a balbutié quelques mots pour justifier la raison de leur présence dans leur fief. Les enfants des soldats qui ne voulaient pas lâcher leurs proies commencèrent à les violenter. Toutefois, s'étant rendu compte que Crispin n’était pas bien portant, il fut épargné de leurs brimades. Par contre, avec leurs grosses ceintures (mokaba) de l´armée, ils ont commencé à frapper ses amis. Dans la mêlée, Parangle et Adolphe réussirent à prendre la fuite, pendant que Michel comme un diable dans un bénitier tentait de se défendre, mais encaissait une série de coups. Prenant son courage entre ses mains, Crispin brava le danger et expliqua à ces mauvais enfants bangala, puisqu´ils étaient tous de l´Equateur, que son infortuné ami Michel était un Mbuza comme eux. Immédiatement, ils ont arrêté l´agression tout en exclamant : Tobeti ndeko na biso Mbuza, pardon ndeko na biso. Mais Michel furieux et déçu ne voulait pas accepter leurs éxcuses. Pendant que Michel et Crispin essuyaient les plâtres, on pouvait voir de loin sur le versant de la montagne reliant la cité à la gare Bloc 36 de l’Otraco, les silhouettes de deux fugitifs. C'est dans ces conditions que Michel, avec son œil gonflé et Régis furent obligés de rentrer sans accomplir la mission principale de leur visite.


    Simbi kia Nkulu

    A SUIVRE        

  • Voici la suite de notre description de l'Avenue Thys
    Après la famille de notre ami Musangi, nous retenons la parcelle de Papa Bakula, le grand couturier des mabaya ye bimbundi de nos mamans, ainsi que des robes pour jeunes filles. Au coin de cette parcelle, il y avait un emplacement réservé au haut parleur public de notre quartier.
    Un fait quoique anodin mérite d’être signalé. A cet endroit de l’eau en provenance de l’avenue Albert, formait un petit ruisseau qui se jetait sur le caniveau situé sur l’avenue Tabora. Ce coin était très fréquenté sous le prétexte qu’on s’y rendait pour écouter les informations et la musique qu’on distillait à la radio. En réalité, c’est la partie de notre avenue la plus peuplée du genre féminin.  En face, il y avait Papa Kiketika dont la famille comptait trois jeunes filles. Vint ensuite une famille des bazombo dont le papa, un polygame invétéré, vendeur des poissons salés au grand marché, avait une progéniture assez nombreuse. L’aîné qui deviendra tailleur fut un excellent défenseur dans le FC Daring. Parmi ces enfants, on peut citer alias Bling et la pulpeuse Matondo qui fit tourner la tête aux jeunes de notre quartier.  Juste après cette famille, c’est la redoutable famille de Papa Samuel Mamona Mbua, un célèbre conducteur d’origine angolaise. Ses enfants,  Silva alias Buniamère, Mansu alias Bing Bill, Mbumba alias De Masquin étaient respectés dans le quartier. Cette famille avait aussi beaucoup des filles. La famille Mamona Mbua juxtait avec le Dancing Mutuelle Bar de Papa Ali Sidi. En face de ce bar, il y avait le grand cordonnier, Papa Lundoloka. C’est dans cette parcelle que vivait une autre famille des bazombo dont les célèbres Tino et Sevaleki Spartacus et leurs sœurs. Puis, une parcelle qui servait de dépôt des véhicules en pannes du garagiste Ali Sidi. Papa Sampayi, le papa de Dany Sengele alias Kiroba et ses sœurs dont les plus connues furent les Mapasa. Avant d’arriver dans la famille de Papa Mupepe et Mama Belo, il y avait aussi une famille des Besi Ngombe où il y avait aussi des très belles filles. Le grand garçon connu s’appelait Mbuadi. Dans cette famille, il y avait également des très jolies filles. Chez Papa Mupepe, Outre le vieux TP « Tout Puissant », il y avait, Mbuta Louisa, Véronique, Muble, Thomas, etc... Cette famille des bisimbi bia nkulu était parenté à Papa Philemoni Wumbu. En face, nous arrivons Chez Papa Lukembeladio Bernard avec ses neveux, le célébrissime Professeur et André Lunama. Ses enfants Faustin, Beros, Mampasi, Clémentine, Béatrice et Véronique comptaient parmi nos amis d’enfance. Dans le versant qui descend sur la nationale n° 1, nous avions eu plus de garçons que des filles. On commence par la famille de Papa Emmanuel Esteves, un San Salvador qui avait une boutique. C'était aussi, à l'instar de Tata Samuel Namata un bon photographe. Son fils aîné Taureau  ne passait jamais inaperçu dans le quartier. En face, nous avons oublié le nom du chef de famille. Mais, dans cette famille nous nous souvenons de Lema et d'un autre enfant surnommé FWE.  Puis ce fut la résidence de Nkaka Gracia Ndongala, Chauffeur mécanicien chez M. Lopez. Son fils aîné Nsau alias Lubueta avait excellé à Mviloti dans le mouvement de la Croix Rouge. En face, c’est la famille des parents de Mbuemi Vidos et ses sœurs Régine et  Graça. Régine est l’une des filles qui avait le plus de succès dans a jeunesse. C’était une beauté à faire chavirer même un moine. Entre Papa Esteves et les Mbuemi, il y avait la famille de Ma Marie Kuta qui nous revendaient les fameux Kangila ngai. C’est dans ce coin que vivait le Vieux Thomas Makuiza. Outre son job à l’Otraco, il était un bon coiffeur. C’est lui qui a appris à Vieux Tarzan ce métier. Je confirme aussi que le Vieux Thomas était spécialiste des camons (nkisi mia ngolo). On dirait que c'était la voie obligée pour tous les jeunes qui adoraient les combats de rue. Plusieurs jeunes de notre époque, moi y compris, nous sommes passés par son laboratoire. Venait ensuite, la résidence de la famille de Mabiala alias Prungunzu, un ami personnel de Crispin et sa sœur Ngalasa.  En face, il y avait Tata Isidore Nkamba et Mama Pauline ainsi que leurs enfants Jean Marie Nkamba, Marie et Nzeza. C’est là que résidait cette famille avant d’aller vivre sur l’avenue Bandibu. Signalons en passant que Tata David Malueki vivait lui aussi sur l’avenue Thys avant de s’installer sur l’avenue Coquilathville avec ses enfants. Après Papa Isidore, c’est la famille de la grande vedette du football ngunguois que fut Kimvuidi Mbuta  Pascal alias Mieux, avant centre de soutien et joueur fétiche du FC Amicale et ses petits frères notammet Nsudi alias Souris et leur soeur qui deviendra l'épouse de Papa Makala. En face, il y avait des San Salvador : la famille Consençâo. Les enfants, Consençâo, Domingo et Rosa, la fille unique qui était une fois de plus très belle furent très bien appreciés dans le quartier. La toute dernière parcelle située au coin de cette avenue appartenait à Papa Mpununu Bernard, alors Greffier au Tribunal extra-coutumier de Thysville. Il y résidait avec ses enfants Mandonga, John, Eric et sa fille Victorine avant de s’installer plus tard sur l’avenue Tabora. Enfin, en face de Papa Mpununu, il y avait la famille de Papa Ndolumingu avec ses filles Ngyandu, Véronique et Luzolo et un de leur fils portant le nom de Ndolumingu.

     

    Voilà les éléments que nous avons pu réunir sur les Bisimbi bia Nkulu ayant résidé sur l’avenue Thys. Quiconque peut nous apporter un correctif peut intervenir sans gêne.

    (Prochainnement : avenue Stanley ou Muene Ditu) 

    Racontée par Crispin Lukoki et Jean Koke.

    Bisimbi bia Nkulu


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