• Crispin parle de sa grand'mère et de ses oncles

    Je n´ai aucune intention de faire de la propagande gratuite. Si je vais parler de cette famille, c´est seulement pour sa contribution à l´histoire de notre Ville.
    Ceux qui pourront suivre cette présentation ne seront certainement pas déçus. Les thysvillois des années 40 et 50, voir 30 se souviendront encore de cette dame qui cultivait la terre, vendait ses Mikate, chikwangues et beaucoup d´autres produits. Elle habitait sur l´avenue Bangala nº24, dans la partie de la ville qu´on appelle N´dimba. Son dernier époux André Nzongo était ouvrier á l´Otraco et originaire de Makela do Zombo en Angola. De son premier époux Jean Bibota, elle avait eu 3 enfants, dont un garçon et deux filles. Monsieur Jean Bibota est mort avant la naissance de sa troisième fille qui fut ma mère à moi. Son fils Armand Diswama, le premier des trois n´est autre que l´acteur principal du gouvernement central, qui jouait le rôle de MBUMBULU. Tous les congolais de l´époque coloniale ont connu les aventures de MBUMBULU ou vu les films de ce personnage. Donc nous parlons ici d´un illustre Ngungois. Ce grand acteur cinématographique fut caporal dans la force publique et avait combattu pendant la 2ème guerre mondiale. Il avait fait 2 ans à l´école secondaire de Tumba et abandonna pour des raisons familiales. Les anciens de Thysville de l´époque étaient habitués (surtout les enfants) à contempler les gros camions qu´il garait sur la route en face du Centre, chaque fois qu´il revenait de Matadi avec un véhicule du gouvernement. Il était contremaître adjoint au T.P.M à Léopoldville, et le grand chef du chantier lui confiait toutes ces missions. Je ne sais pas si nos autorités ont pensé à récupérer tous ces films qui font partie de notre patrimoine culturel, et qui constituent une richesse inusable qui pouvait être léguée aux générations futures. Avec son deuxième époux, Maa N´senga avait eu 3 garçons; François Ngwala, Ferdinand Lenga (Gabon) et André N´kongo (Lukaya le fameux gardien de but de V.club de Matadi). Un hebdomadaire des années 50 avait écrit que Lukaya avait sauté 12m de hauteur pour attraper un ballon. Je ne sais pas la véracité de cet exploit mais, j´avais lu le texte personnellement. Je crois que l´hebdomadaire est Afrique Chrétienne qui avait écrit cette information avait exagéré. Mais la vérité est qu’il fut dans le Bas Congo, le meilleur gardien de buts de sa génération. Ces trois garçons avec un ami répondant au nom de Manzungidi alias Mangri et formaient un quatuor très redoutable à Thysville. Personne n´osait faire face à ce groupe, ni les affronter. Ils n´étaient pas des voyous, mais ils dominaient la ville. Très respectueux envers les personnes âgées, quand il y avait un problème avec des gens d´ailleurs, ils liquidaient la situation en un clin d´œil. Gabon était celui qui commandait le groupe. Ma mère m´avait dit que chaque fois qu´un fou devenait dangereux, la police faisait appel à Gabon, et le fou revenait automatiquement à la raison. Il y avait un malade mental au village Kiazi du nom de mbuta KIBANDA. J´avais personnellement vu ce monsieur, attaché à une chaise qu´on appelle N´kumbi (d´où la fameuse expression A kota kikumbi). Ce monsieur était devenu très dangereux, et ne pouvait pas être libéré, et même en sachant qu´il était toujours attaché au N´kumbi, il inspirait panique. Selon les habitants de Thysville, c´est grâce à Gabon que mbuta KIBANDA fut maîtrisé. Toujours durant notre jeunesse, nous avons connu un autre malade, mais moins dangereux qui s´appelait NIKI et curieusement, il venait du même village. L´Abbé Dinganga se baladait souvent avec ces jeunes pour ainsi gagner leur confiance. A partir de 1954, Gabon et ses frères vont quitter Thysville pour Léopoldville. Oncle François travaillait comme chauffeur chez Transban, Oncle Gabon était au port fluvial de Léo comme électricien, pour finir au palais de Mobutu, toujours comme électricien. Je me rappelle encore de la mobylette que maman Antoinette Mobutu lui avait achetée. Il était copain de Vieux Wendo. Pour revenir à l’Oncle Lukaya, il fut engagé à l´Otraco, puis muté d´abord à Cattier, aujourd’hui Lufu Toto  et par la suite à Matadi à cause de ses grandes qualités sportives. J´espère, que vous n´allez pas vous moquer de moi, à cause du récit qui va suivre. Après un long séjour á Matadi, ce gardien de but, devenu vétéran s´en ira vivre à Seke Banza avec sa femme, une Muyombe. La famille ne savait plus rien de lui, sauf qu´il se trouvait quelque part dans le Bas Fleuve. Un bon jour en revenant du champ, il s´est trouvé brusquement en face d´une antilope (Nsa, ka Nkayi ko). Se croyant en danger, l´antilope charge contre mon oncle. La bataille fut rude, âpre et longue. L’antilope le blessât au front, suite à un coup de sabot bien administré. Jusqu´aujourd´hui on peut contempler cette cicatrice sur le front de cet homme très fort. D’ailleurs, seul et sans aucune arme, mais confiant en lui-même, il parvient à tuer la bête. Mais juste après il perdit connaissance à cause de l´effort et le sang qui ne cesse de couler. Heureusement pour lui, c´était dans l´après midi et le soleil était près du coucher. Après quelques heures, il se réveillât, chargeât son antilope et regagna le village. Il n´avait pas voulu manger la viande de cette antilope, pour des raisons superstitieuses.

    Au sujet de ma Grand´mère, je me rappelle encore de voir les habitants de ce quartier, femmes comme hommes agglutinés autour du robinet public qui se trouvait sur l´avenue Bangala juste à la hauteur de la parcelle située au nº 18. Dès que je me pointais à la pompe, ils me laissaient remplir mon seau d’eau avant que ma grand´mère ne vienne me chercher. Je ne faisais jamais la queue, car dès que j´arrivais, tout le monde disait "luvana fulu kua n´tekolo wa maa N´senga" et directement on me laissait la place, pour me servir et répartir. Et quand personne remarquait ma présence, je gardais la queue, jusqu´à ce que les gens commençaient à crier "Ma N´senga uta kuiza", et dès qu´elle arrivait, elle m´arrachait le seau et se plantait avec autorité à côté du robinet pour être la suivante. Parfois ça me faisait honte, mais je crois que cette situation existait du fait qu´elle était la maman de Gabon. Enfin, son dernier enfant, qui lui aussi était très célèbre s’appelait Tarzan. Les Ngunguois des années 50 à 80 et même 90 doivent connaître ce Vieux Tarzan qui tenait un salon de coiffure à côté du Ciné Kia-Kia.

    Bref, je vous ai présenté, une des femmes qui ont peuplé et contribué activement à la vie de notre chère Mbanza-Ngungu. Mama N´senga avait 2 filles et 6 garçons. Ma mère qui est fille de cette dernière avait 5 filles et 4 garçons. Après, il faut compter aussi mes cousins (les enfants de Tarzan et leurs enfants). C´est une contribution large dans tous les sens. Tarzan était aussi, Président Fondateur de l´équipe de football TOURBILLON. J´ajoute aussi la présence de ma Grand´tante Agnès qui habitait sur l´avenue Tabora, sa fille Anne Kimfuta et ma cousine Marie Augustine, connue comme Marie Mundele. Cette dernière était à l´école des Monitrices de Nkolo Fuma avec la sœur de mbuta Mansevani et Yaya Alphonsine Nganga soeur de ma belle sœur Valentine.


    Crispin-Régis (Simbi kia nkulu)


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