• Vieux Mpuaya, Vieux Kimona, Vieux Nsusu a Fua, Vieux Ngobila, Vieux Mandevo, Vieux Bundu, Vieux Thomas Makuiza, Vieux Hercule, Vieux Tarzan, Vieux Magon, Vieux Benjamin, Vieux Para, Vieux DeMoyen, Vieux X ou Y … La liste est tellement longue qu'on ne pourra pas les citer tous.
    Mu ntangu ya ntama ku Mbanza Ngungu, il existait un phénomène qui ressemble à s’y méprendre aujourd’hui aux fameux groupes de prière qui pullulent dans notre société.
    Le premier groupe concerné par ces pratiques d’un autre monde, ce sont les équipes de football, en tête, les Diables Rouges ou l’Amicale, et plus tard Daring o castra Bana Amida ou La Lorraine du président Ambroise Tshambro. Chaque club, disions-nous avait celui qu’on appelait son féticheur. Ils rivalisaient les uns et les autres que c'est dans leurs chambres noires que se déroulaient le premier acte d'un match de football.  Sous d’autres cieux, on les désignent sous le vocable de Préparateur psychologique. Leur terrain de prédilection était le camp Otraco, le fief des Diables Rouges où ils étaient très nombreux à se disputer les faveurs des dirigeants de l’équipe des forgerons qui était imbattable.

    Les équipes et les joueurs de football n’étaient pas les seuls à recourir aux « makaya ma nsi ». On se rappelle encore de certains jeunes de notre époque qui se vantaient être porteurs d’un portefeuille porte-bonheur. Celui-ci avait semble-t-il, la particularité de produire chaque jour au réveil, des espèces sonnantes qui faisaient de ces enfants des véritables pachas. Hélas, les sommes ainsi ravitaillées dans leurs gibecières devaient être totalement dépensées dans la journée. Devinez un peu le train de vie mené par ces enfants.

    Les jeunes amoureux, eux aussi n’étaient pas en reste. Pour apprivoiser facilement leurs proies, ils faisaient appel au « Moyen »…  Ce terme faisait tellement peur aux jeunes filles que certaines d’entre elles furent simplement envoûtées. Comme hypnotisées, elles quittaient sans le vouloir le toit paternel pour aller se livrer corps et biens auprès de leurs bourreaux qui les prenaient en otage, le temps d’assouvir leurs bas instincts.  On disait, Muana wa kanagamene « Prevenu ».

    Un autre groupe, et ils étaient nombreux à s’essayer dans un autre secteur très prisé par plusieurs de nos compagnons. Il s’agit du domaine réservé des « Nkisi  mia Ngolo » ou « camons ». Moi qui vous parle de ces Vieux, je peux vous avouer avoir été à l’école de Vieux Thomas Makuiza. Je n’étais pas seul à l’avoir côtoyé. On le fréquentait  pour décupler notre  force physique. Plusieurs amis y sont passés. Je me limiterai seulement à citer des gars tels que David Mbaki (Bageera) et Bansimba Degazin qui furent parmi ses plus fidèles condisciples.

    Ba tula mpaka, ba mona preuve. Ce n’est pas une blague.

    Nkisi mia ngolo, niveau mu niveau mia kala…

    Mbuta Kimvuidi De Pasco alias Mieux kazayisingi : « Ku Ngungu, e nkomi mpe za kesana »

    Kansi, ka tuvilakana malongi tua bakidingi kua ba Mbuta ko.

    Bawu vo : Vanda nkisi mia ntinu, vita mpe ye ntinu.

    Sachez aussi que pour faire partie de ce monde, il fallait respecter certains interdits. Ne soyez pas étonné qu’on ait connu plusieurs personnes frappées par la démence pour avoir transgressé quelques lois. Ce qui poussa Me Jogo et le célèbre orchestre Comet Mambo de Matadi de lancer cette fameuse phrase dans une de ses chansons qui est restée célèbre : « Ngielele alukaki mbongo na kisi, akota Lazaret ya pamba ».

    Aujourd’hui et avec le recul, nous avons compris que Ntuka Kongo, c'est-à-dire la culture kongo sous ces formes les plus diverses existait réellement. Ces effets dans notre société avaient des conséquences sur nos comportements. Mais grâce à la modernité et à la percée du christianisme, nous avons compris que la plupart de nos Vieux n’étaient que des vendeurs d’illusions et que le succès engendré par leurs incantations magiques ou pratiques mystiques n’était qu’éphémère.  Voilà avec le temps, pourquoi et comment ces pratiques ont été reléguées aux oubliettes de l’histoire. Nsinsa wa soba ye konso muntu wa kuma sambila kuani ...


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