• AUTRES ACTIVITES

    Distractions

    Comme distraction, la population de Thysville était gâtée. Des spectacles, nous en avons connu, notamment le cirque de Jonghe, le Jeucokat, le scoutisme, la Jeunesse de la Croix Rouge, etc.

    Tous les jours, pour ceux qui n’avaient pas de postes radios (les portables n’existaient pas encore), les autorités avaient placé dans les endroits choisis des Haut-parleurs pour que la population puisse suivre les informations, la musique (disques demandés), des émissions Africaines de Radio Congo Belge.

    Nous suivions des cours de français à la radio chaque samedi.

    Parmi les animateurs de ces émissions, un sujet Belge, un certain Gilbert Warnant et une Congolaise Lucie MOSIANGO.

    Des films de Charlot, Matamata, nous étaient projetés, dans la salle des fêtes Offitra ou dehors. Le 21 Juillet de chaque année, à l’occasion de la fête nationale Belge, nous avions droit à des spectacles populaires : des tombolas, des courses cyclistes ZONGO/Thysville, des danses folkloriques : les Manianga, les Bandibu, les Bamboma, les San Salvador, les Bayaka, bazombo, etc…

    Vente de produits

    A notre époque, dans les années 50 et pratiquement jusque 56, les mangues, le pondu, les « Nkuni » ne se vendaient pas.

    Nous allions cueillir les mangues dans les villages environnants : KITOKO NSUNGA, KUMBI, KIAZI, LOMA, etc… Il suffisait de demander l’autorisation au Chef de village. Une fois l’autorisation accordée, on vous détermine la quantité à prendre. Ne dépassez pas et si vous allez en fraude, ne vous faites pas attraper sinon on vous blesse, on vous bat.

    De même, vous voulez manger du « Pondu », vous demanderez aux mamans qui cultivent les champs, on vous apportera gratuitement.

    Les « NKUNI », bois de chauffage mêmement, vous demanderez, on vous donne l’autorisation d’entrer dans la forêt pour ramasser.

    Mfumu LUMPUNGU du village KUMBI passait pour un Chef méchant, sans pitié. Il deviendra souple avec l’implantation de l’Armée du Salut dans les environs. Mfumu LUMPUNGU était tellement célèbre que nous chantions comme suit :

     

    ee manga mia nani ?      mia ta Lumpungu

    ee voka za nani ?            za ta Lumpungu

    ee nsafu za nani ?          za ta Lumpungu

    ee matoko ma nani ?       ma ta Lumpungu

    ee ndumba za nani ?       za ta Lumpungu

    A coté de ta Lumpungu, Thysville a connu certaines célébrités : Vieux Thomas, connu pour ses fétiches, des fétiches pour se battre, pour donner des coups de tête.

    Ses adeptes après avoir suivi les enseignements, se déplaçaient en dehors de la ville pour entrainement pratique. On mangeait des verres à boire, on tremblait.

    Société et mentalités

    A Thysville, nous avions aussi connu nos danseurs de SWING dont les plus célèbres étaient :

    -      Maître Taureau MBIYAVANGA (Taurreaubereyem)

    -      Vieux Philippe MAGON BILL (Grand Prêtre Magon)

    -      Le Fils de Papa MUSUELA, sur avenue Bambala en face de LUVE-BAR (racheté

           par le Papa d’Elvis)

    -      Le vieux WEMBLEY

    -      MARIANO

    Le vieux Magon Bill va abandonner la danse pour se consacrer à l’ISLAM. Il deviendra célèbre dans ses « pratiques » de guérison.

    Beaucoup d’officiers militaires vont recourir à ses services pour éviter d’aller au front et monter de grade.

    Il sera aussi célèbre dans le traitement des maladies psychologiques et morales dont la stérilité féminine et masculine. Je ne connais pas grande chose sur les autres vieux,, mais je vais citer quelques noms de vieux commerçants comme Papa Mupepe sur l’avenue Clémentine (actuelle parcelle de Nluta).

    Papa Mupepe va se chamailler avec un autre homme d’affaires et Papa Mupepe va dire : » pour vous démontrer que j’ai l’argent, je me rends chez CEGEAC (distributeur de véhicules de marque FORD). Il sortira un sac plein d’argent (kuba diazala ye mbongo) et va acheter un camion FORD de couleur vert foncé. Je me rappelle de ce cas parce que le chauffeur le premier chauffeur de ce camion était parenté à nous, un certain Léon Bazolafa.

    Pendant cette période les grands commerçants à Thysville étaient des « Besi Ngombe ». Nous citons : Papa Ngazadi, Papa Philémon Mwumbu, Papa Mupepe, Papa Kiambonga (derrière les Malonga, le père de Nkusu Véronique, Papa Nkelani André, etc.

    Seul défaut : vite ils s’enrichirent, vite ils faisaient faillite, ce qui poussa Maître Armand, enseignant à l’école Sainte Thérèse à dire : « Besi Ngombe, nzaki za mvuamina mpasi, kansi zasukamena mpe mpasi ». Tous ont fait faillite. Une autre génération des commerçants est arrivée plus tard, les Mfinda Léon, Papa Nkama, Philémon Malonga, Ngiezi, Mbunzu, etc.

    Phénomène « MAYENGA »

    Au début de l’avenue Boma, sur l’ancien emplacement de « Alphonso Bar », il y avait un grand ravin qui se prolongeait dans le fin fond vers Dilombele et était en parallèle avec avenue Shaba. Et la route carrossable Thysville/Léo passait par là pour déboucher au niveau de Papa Dilombele. Avant ce dernier, de part et d’autre, deux « Mayenga » célèbres. De nombreux accidents se produisaient à cet endroit, des accidents mortels.

    Les autorités avaient trouvé un système qui consistait à jeter des pièces de monnaie, des sacs de sel de cuisine dans ces ravins. Cela s’appelait « mayenga lemba balembanga mo ». Cette pratique était aussi utilisée sur la voie ferrée où on signalait beaucoup de déraillement de trains. Et avant même de jeter un pont quelque part, pièces d’argent et sacs de sel étaient sacrifiés.

    Phénomène « Kintemona »

    Ce phénomène de Kintemona ou Mundele Ngulu avait provoqué une psychose dans la population. Cela se passait pendant une certaine période de l’année et prenant environ deux semaines. Pendant cette période à 19h déjà, vous ne trouviez personne dans la rue. Si vous rencontriez ces « mundele ngulu », ils vous torchaient et dès que la lumière vous atteignait, vous étiez hypnotisés et conduit à une destination inconnue, vous changiez de peau pour prendre la peau de porc, cochon. En réalité l’autorité faisait circuler ce commérage pour mâter tout esprit de révolte et maintenir la population à domicile. Le phénomène a persisté après l’indépendance dans la région de Kuilu-Ngongo où on prétendait que certains congolais seraient devenus « mundele » après avoir été lavé à la machine. Vous pouvez comprendre que c’était impossible et que c’était des bruits pour discipliner l’esprit de la révolte, qui a quand même eu lieu en son temps.

    Le petit commerce.

    Thysville avec les portugais, le commerce était prospère. Tous les articles dont nous avions besoin étaient dans les magasins des portugais. Il n’existait pas de banques dans la ville à l’époque. Les commerçants gardaient leur argent à la poste dans le compte « chèques postaux ». La seule différence avec les banques, c’était que la poste n’octroyait pas de crédits. Ainsi certains portugais faisaient la voyage de Léopoldville placer leurs avoirs afin de pouvoir bénéficier de lignes de crédit.

    Il nous arrivait de commander des chaussures ou autres vêtements en Europe. Petit problème, il suffisait de le faire par la poste aux Service des Chèques Postaux et au bout de 2 à 3 semaines vous étiez convoqué par la même poste pour retirer votre colis après avoir décliné votre identité ainsi que l’Avis d’Appel vous envoyé. Le transfert d’argent aussi était fait de la même manière.

    A notre époque pour acheter même du pain, il fallait se présenter dans une boutique. Les vendeurs à la criée n’existaient pas. Le système était instauré avec l’arrivée des Réfugiés angolais, même son de cloche pour le pétrole chaque soir.

    Vers les années 1962-1963 un grand marché va s’ouvrir sur la route Thysville/Marshal au village Kola dans les environs du camp militaire Hardy. Ce marché célèbre s’apellait « Vua ye Kondua », c'est-à-dire « posséder et manquer ». Ce marché avait la particularité de fonctionner les après-midi jusque tard la nuit. On y trouvait un peu de tout : vivres frais, habillement, tous articles de traite. Vua ye Kondua.

    Pendant cette période la rébellion faisait rage à l’Est de la république. Le camp Hardy occupé par les fantassins étant réputé pour ce genre d’interventions, s’était vidé de ses combattants partis au front. Femmes et enfants étaient naturellement restés au camp. Mille difficultés s’en suivirent et la débauche vit le jour. Débauche à outrance. Femmes mariées, jeunes filles, femmes ndumba, tout le monde à la mêlée. Le marché prend une mauvaise réputation. Les scandales se multiplient. Les femmes vont mains libres au marché et rentrent paniers remplis, même les élèves de la place se livrent au jeu.

    La Police Militaire est envoyée sur les lieux pour faire le constat. Un Jeudi après-midi, les Policiers Militaires investissent et le marché est purement et simplement brûlé : étagères, tables… tout est brûlé et c’est la fin de l’épisode « Marché VUA YE KONDUA »