• Les hommes célèbres ne meurent jamais. Leur aura, leur prestige, bref leurs noms restent collés à leurs oeuvres qui resistent à l'usure du temps les marquent à la peau pour le bonheur de tous ceux qui les ont connu. Les hommes célèbres resteront éternellement dans nos coeurs et nous les poursuivront, même dans l’au-delà.

    Monsieur Zengeni Yobi alias Papa Zayobi est une personne qu’on ne présente plus à Thysville. Tous ceux qui l'ont connu reconnaissent en lui : "Un nvangi a ma mbote". Il a grandi dans son manianga natal avant de rejoindre le chef lieu des Cataractes, en se lançant dans le sillage de Maître Levy, son grand frère. Ce gars qui fut un illustre inconnu à son arrivée dans cette, avait son destin tout tracé devant lui. Il se fit d’abord remarquer au sein de l’Eglise Kimbanguiste où on lui gratifia le poste de Dirigeant du Groupe GTKI. A ce titre, il faisait partie du comité paroissial de l’église qui jetait ses premières bases dans cette ville emblématique où fut condamnée Tata Simon Kimbangu. C’est avec beaucoup de satisfaction de ses pairs du clergé qu’il tira son épingle de jeu.

    Son entrée dans le monde des affaires est aussi un généreux plan de Dieu. C’est à Nkamba, la Nouvelle Jérusalem que le chemin de la gloire s’est ouvert devant lui. Parti comme tout kimbanguiste assister  l’une de ces nombreuses fêtes commémoratives organisées chaque année au siège de cette église, et avec un appareil de photos que Vieux Porqué, Garagiste à la CEGEAC, ancien joueur de l’Amicale de la Terre, son ami, lui avait prêté, il avait pu fixer des centaines et des centaines d’image des  fidèles qui voulaient immortaliser leur passage dans la cité sainte. Rentré à Mbanza Ngungu et au vu des recettes pharaoniques réalisés ce jour-là, il avait compris où ce trouvait sa voie.  Les studios photos Papa Zayobi, la petite et moyenne entreprise qui l’a sorti de l’anonymat le rendra célèbre dans toute la ville. Voilà, pour la petite histoire de ce self made man, parti du néant, mais va en un laps de temps devenir une figure de proue de grande renommée.

    Pour ceux qui connaissent d’où nous venons, avant lui, il y avait Messieurs Bravo, un portugais, deux angolais (Douze alias Pedro Martin et Esteves Emmanuel), Papa Samuel Namata, Nlandu Ma Vie et Photo Vicky avaient pignon sur rue. Autres temps, autres mœurs ! Toute famille congolaise, à une époque où notre pouvoir d’achat était assez appréciable ne ratait jamais de fixer sur la pellicule les grandes dates de son histoire (naissance, mariage, baptême, et…), où les grandes fêtes comme la Noël, la Bonne Année ou Paques. Le photographe était un « Monsieur ». Papa Zayobi qui avait toute la clientèle de l’Eglise du Christ sur la Terre par son envoyé Simon Kimbangu était un privilégié. Il disposait sans le vouloir, d’un filon d’or entre ses mains. Qui peut me contredire ?

    Si certains anciens se complurent dans la monotonie en se confinant dans ce secteur qui faisait d’eux des grandes vedettes locales, lui avait d’autres chats à fouetter. Des ragots de ménage nous apprirent plus tard que derrière les rideaux des studios Douze et Nkuka Arthur, il s’y passait des choses qui n’étaient pas toujours catholiques. AhAhAh Barbe, si tu étais là, ces deux lascars, j’allais les descendre aujourd’hui…

    Revenons à nos moutons. Papa Zayobi en homme très perspicace s’employa plutôt à diversifier ses affaires en passant du commerce général à l’hôtellerie. Hélas, les hommes célèbres ne vivent pas longtemps. C’est dans le déchirement le plus total que Le Vieux tira sa révérence sur le lit de l’Hôpital Saint Luc de Kisantu où il était hospitalisé, en présence de son fils aîné Alphonse Boly Zayobi. Curieusement, avant son hospitalisation, il demanda à tous ceux qui étaient à son chevet de se retirer et de le laisser en aparté avec son fils. Il commençait déjà à sentir qu’il ne s’en sortirait pas. Après avoir échangé durant quelques minutes, il lui confia tous ces documents importants que Boly à son tour, s’empressa de placer en lieu sûr. C’est notre ami, Daky Kitemoko qui les gardera précieusement et secrètement pendant cinq ans jusqu’à son retour définitif d’Europe.

    VOICI MON TEMOIGNAGE

    Trente ans après cette disparition qui me rappelle beaucoup des bonnes choses qui doivent certainement raffermir encore aujourd’hui mes relations avec un homme qui est devenu pour moi un frère, sinon mon confident le plus sûr, je vais me permettre de porter à votre connaissance le plus grand souvenir que je garde de ma vie avec Papa Zayobi qui fut peut-être un de nos papas qui me faisait vraiment confiance. Je refuse d’aller dans les détails de tout ce que nous avons fait ensemble. Sachez pourtant qu’il existe une épisode de ma vie que je ne peux pas continuer à cacher, car les bonnes choses méritent toujours d’être partagées avec les autres. Aussi, lisez attentivement mon récit :

    1968 : Au 2 juillet 1967, j’ai encore 17 ans et demi. C’est maintenant seulement que je m’en rends compte. Au propre comme au figuré, je suis un mineur. Sous d’autres cieux, je n’ai pas encore le droit d’exercer un emploi rémunéré. Hélas, le pays a toujours évolué comme tel. Moi, je suis un produit de l’Athénée Officiel de Thysville où j’ai côtoyé des vrais gourbas, des vrais bills, des yankees comme on se plaisait à se faire passer contrairement aux mauviettes collégiens de Saint Clément qui ont bavé toute leur vie sous une discipline de fer de leur curé,  le Réverend Père Tarwé. A l’Athénée, nous avons grandi et évolué dans un environnement qui ressemblait à s’y méprendre à une jungle où seuls les plus forts avaient droit à la vie. Vacciné comme on le disait, nous avons décidé d’affronter les aléas de la vie dans le secteur de l’enseignement. Après la publication de nos résultats des examens d’Etat, je suis en compagnie de Michel Mbanzani alias Santabara, recruté par l’inspecteur Lunda pour travailler dans l’enseignement kimbanguiste qui se trouvait encore dans sa phase de gestation. Direction : Institut Mama Marie Muilu Kiawanga. Pour un débutant, je suis gratifié des cours suivants : Français (1ère année CO), sciences Naturelles (2ème CO) et Physiques (3ème année). On dirait que j’étais déjà un « touche à tout ». Je dois enseigner en même temps la littérature et les sciences exactes, sans oublier les sciences naturelles dans une même école. Ailleurs, cela est impensable. C’est l’illogisme et le manque de rationalité de notre système d’enseignement de l’époque. Quant au Prof Yankée, car c’est comme cela que Santabara se faisaient appeler, il choisit avec beaucoup de suffisance le cours de Mathématique en 2ème CO où il avait le droit de vie ou de mort sur tous les élèves qui attendaient leurs brevets.

    J’ai vécu à Mama Muilu, l’une des plus exaltantes expériences de ma vie. Peut-être celle-ci a conditionnée le reste de mon parcours. Tenez parmi mes élèves, on retrouvait certains de mes amis du moment. Voici pêle-mêle dans cette liste quelques anciens de GwaGwa et de Mikado : Arizano, Boly Zayobi, Kitovele kia Mbenza alias Rouéroué, Matutezilua Matur, Diakanua Haïdé Bill, Meya alias Donglish, Jojo Bin Luyeye, Marie Matula, Berthe, Kumbona, Bunny Nzunga, Télésphore Ntunta, Jacky Dimbueni, Miranda et autres Marie José qui deviendra l’épouse de M. Maurice. Toutefois au sein de cette école, il y avait un élève qui portait un nom prestigieux. Il s’appelait : Simon KIMBANGU. Vous n’avez rien compris ? C’est l’actuel Papa Simon KIMBANGU KIANGANI. Je ne blague pas. Je compte parmi les professeurs de l’actuel Chef Spirituel de l’Eglise Kimbanguiste. Voilà la vraie histoire d’un homme et tous les intellectuels de l’Eglise kimbanguiste doivent savoir que l’histoire, on ne la change pas. On ne la changera jamais. Car, un jour, en séjour au pays, j’ai éprouvé de la nausée face à la polémique et campagne de diabolisation que certains bonzes de cette église, de surcroit un juriste de grande renommée jaser sur l’identité réelle du berger de cette église. Croyant que l’émission passait en direct, j’ai pris mon portable pour le démentir, car cette information puait le mensonge à mille lieux. Malheureusement, cette émission passait en différé. Aussi, j’ai juré de ne plus suivre les émissions de cette Télé. Aujourd’hui, je me permets de confirmer tout haut, à moins que les archives de l’Institut Marie Muilu Kiawanga de Thysville, en 1968 – 1969 nous contredisent. Nous avons eu au cours de cette année scolaire un élève qui répondait déjà au nom de « Simon KIMBANGU ». A cette époque son second nom de Kiangani qu’il porta au moment du recours à l’authenticité n’était pas connu. Tout ce qui n’est pas écrit, c’est du faux ! Vous pouvez aller vérifier. Je mets quiconque au défi pour démentir cette vérité. L’actuel Pasteur Kimbanguiste « BING » est l’un des témoins vivants de cette histoire. Rideau.

    Revenons au témoignage que j’allais faire publiquement, si l’occasion m’était donnée d’assister à cette journée de souvenirs dédiée à Papa Zayobi. Fidèles Kimbanguistes de Mbanza Ngungu, voici  MON TEMOIGNAGE :

     

    1969 : Je ne me souviens plus du mois. L’année scolaire s’achemine lentement vers sa fin. Le clergé de l’Eglise qui en avait marre des rapports contradictoires qui tombaient sur son bureau au sujet de mon ami et collègue SANTABARA organisa une grande réunion de clarification dans la résidence de Nkaka  Mayisokolua. On notait parmi les participants, Papa Nzingphar, Pasteur Ngoto, Papa Zayobi, etc… N’ayant pas été dans le secret des saints, je ne peux pas vous rapporter tout ce qu’ils se sont dits au cours de cette rencontre. Toutefois, après avoir débattu du comportement des professeurs face à l’éthique et à notre code de bonne conduite, il semble que les comportements de tous les professeurs, nationaux, comme expatriés furent passés au peigne fin. Finalement, c’est à Papa Zayobi, le plus jeune dans le groupe que fut confiée la mission de  me faire parvenir le message destiné à SANTABARA. C’est dans la cour de l’école, à l’emplacement actuel du temple de Mbanza Ngungu que notre entretien avait eu lieu. On dirait un père qui s’adressait à son fils pour lui prodiguer des sages conseils, car lorsqu’il a terminé son récit, la seule réponse que je lui ai donné était : MERCI PAPA, votre message sera transmis à qui de droit.

    « Papa Kocsis, Va dire à ton ami Michel Santabara de cesser d’importuner Papa Simon KIMBANGU. Qu’est ce que le pauvre lui-a-t-il fait pour se permettre de le ridiculiser chaque jour qui passe dans son cours de Mathématiques. Les pasteurs qui m’ont chargé cette mission, m’ont également demandé de vous informer que Papa Simon que vous avez aujourd’hui comme élève est déjà consacré. A la mort de nos Trois Papas. C’est lui qui va succéder à la tête de l’Eglise. Tenez le pour dit, car réunis pour prier dans le Kinlongo, à la demande de Papa Joseph Diangienda, le Chef Spirituel, ses deux frères, Papa Charles Kisolokele Lukelo et Papa Salomon Dialungana Kiangani, décidèrent de commun accord que leur successeur serait désigné par Dieu lui-même selon un signe librement fixé par eux.

    Les trois Mvuala dont leurs épouses respectives attendaient famille étaient tous dans la tourmente et l’expectative attendaient l’arrivée de cet enfant déjà consacré. Finalement, c’est à Mama Nkiwasisa que revint l’insigne honneur d’honorer la parole. Mama Mvete et Maman Nsalulu ayant accouché des filles…

    Qu’il cesse immédiatement avec ces agissements. A défaut, sa vie sera malheureuse. Ce n’est pas à moi de juger la suite et ce qu’a été la vie de notre cher ami après cette rencontre des têtes couronnées de l’Eglise Kgte de Thysville. Quant à moi, et pour clôturer son récit, Papa Zayobi  m’avouera. Je suis fier de toi. Les pasteurs à l’unanimité t’ont adopté. »

    Voilà dans les grandes lignes, la quintecessence du message que Papa ZAYOBI m’avait passé. Lorsque depuis Luanda où j’étais en poste diplomatique pour le compte de la RD Congo, je venais d’apprendre la disparition physique de Papa Mfumu a Mbanza, je n’avais pas peur, parce que je savais déjà que du côté de la succession, ce problème était déjà réglé. Même lorsque nous sommes entrés dans l’ère de la fameuse série du 26+1, je savais qu’il n’y avait qu’un seul Chef Spirituel.

    Ce jour-là, j’avais eu une pensé pieuse en mémoire de Papa Zayobi qui m’avait fait une confidence qui venait de se concrétiser. Je répète à l’intention des personnes incrédules. C’est en 1969 que Papa Zayobi, pourtant très proche de Papa Nkuluntu m’avait éclairé. Peut-être encore aujourd’hui, si je peux croire dans les capacités des fidèles kimbanguistes à transcender leurs passions, et doivent œuvrer pour l’émancipation du peuple Kongo, c’est à Monsieur ZENGENI YOBI que je le dois. Quiconque va lire ce témoignage peut l’interpréter de sa manière. Toutefois, je vous confirme que tout ce que j’ai dit est vrai.

    Au nom de Dieu, je ne mentirai jamais.

     

    Pour clore ce papier, et à l’intention de ceux qui ne le savent pas. Papa Zayobi compte parmi les pionniers de l’Eglise kimbanguiste qui avait démarré ces activités le 31 décembre 1959. A Thysville, c’est à Papa Nzinga alias Nzingphar que revenait la charge de l’Eglise. C’est en toute logique que celui-ci et Papa Massamba qui fut un des confidents de Papa Zayobi dans le groupe GTKI ont évoqués des souvenirs dont certains étaient ignorés de la famille. Nzingphar a démontré comment après lui, Papa était devenu l’homme de confiance de Papa Charles  Kisolokele. Selon Papa Nzinga, cette confiance fut la suite logique des choses, suite à sa réaction positive aux propos méprisants que Papa nkuluntu avait adressés aux kimbanguistes de Mbanza Ngungu qui se plaisaient encore à prier sous les mandalalas. D'ailleurs, certains fidèles ne le savent pas, avant la construction des locaux abritant les bureaux à la paroisse de Thysville, c'est à la résidence familiale de Papa Simon Wayolo sur l'avenue Offitra que fonctionnait l'administration locale de cette église. Connaissez-vous la signification du mot Kintuadi? A quoi ont toujours servi les nombreuses "Nsinsani" organisées par la hiérarchie, si ce n'est pas pour construire? Blessé dans son amour propre, Papa Zayobi prendra son mal en patience et s'en ira lancer un défi à son « Vieux » en lui confirmant qu’il était capable de mettre sur pied une équipe qui allait construire un temple dans la ville de Mbanza. Malgré les bâtons dans les roues, celui-ci réussit son pari au grand dam de certains pasteurs qui ne voyaient plus la couleur de l’argent de nsinsani. Hélas, les travaux n’étaient pas arrivés à terme, car une décision de la pastorale provinciale lui retira la caisse. Il a fallu attendre plusieurs années pour voir ce temple qui fait aujourd’hui la fierté de la paroisse de Mbanza Ngungu. Un autre intervenant et non des moindres a parlé au nom de sa famille. Il s’agit de BIGIS qui a fait un résumé éloquent des qualités managériales de son frère.

    Kocsis

    Volontaire Kimbanguiste


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