• En lisant les souvenirs de Vieux Van dans son Blog que j’avais en son temps recommandé à nos lecteurs, j’ai retenu une phrase que j’aimerai partager avec vous : « Il n’est jamais facile de remonter quarante ans plus tôt dans ses souvenirs ». Qui pouvait dire mieux et reconnaître les difficultés que nous éprouvons pour réinventer le cours de l’histoire en racontant des faits vécus il y a de cela belle lurette. Cela ne nous empêche pas de faire travailler nos méninges et d’aller puiser dans nos dernières réserves pour vous parler d’une autre catégorie des ngunguois, déjà oubliés par le commun des mortels, mais qui à vrai dire figurent parmi les véritables bâtisseurs de notre ville.

    Plusieurs noms nous reviennent à l’esprit. Père Phillipaert, Père Dindondère, Père André, Pasteur Kesbo ou Jennings furent nos premiers missionnaires. A l’Otraco, le plus grand employeur de l’époque dans cette ville naissante, on entendait parler de Messieurs Van Ashe, Navaud, Dessailles, Bovesse et De Greffe. Monsieur Navaud dont la résidence était située à NsonaNkulu était le chef de camp des Clercs et Thys à Nsona Nkulu. Il y avait aussi le Dr Renard, Médecin Directeur de l’Hôpital Président Charles. Une autre catégorie des expatriés était constituée par les commerçants. Nous nous souvenons des frères Mendes et Irmaô, de Fernandes, Lopez, Santos, Kifua Disu, Douarte, Mawombo, etc…

    De tous ces noms qui nous sont revenus à l’esprit, nous allons nous attarder sur les personnes qui étaient considérés comme des hommes publics, c'est-à-dire ceux qui étaient en contact permanent avec la population autochtone. Dans cette catégorie, nous ouvrons cette rubrique avec Monsieur Bravo, une figure de légende que tous les anciens n'oublieront jamais.

    Qui était-t-il ?

    Monsieur Bravo était un sujet portugais qui excellait dans la photo. Sans nul doute qu'il fut le premier photographe professionnel qui a introduit cette activité dans notre territoire. Je ne me trompe peut-être pas si j’affirme que c’est lui qui a initié les premiers photographes congolais que furent Papa Samuel NAMATA dont le studio était installé au fond de sa boutique au n° 1 de l’avenue ex. Thys en face du grand marché ou M. Emmanuel Esteves, un sujet angolais dont la boutique se trouvait toujours sur cette même rue, mais au n° 46, sans oublier le studio Douze de M. Pedro Martin sur l’avenue ex. Albert.

    La résidence et le studio de M. Bravo étaient situés au Centre commercial en ville, en face de l’Eglise catholique du Sacré Cœur et de l’hôtel Cosmopolite. Il avait eu avec une femme qui était originaire de Mbanza Ngungu, en l’occurrence une ndibu a nkandu, une fille répondant au nom de Marie Thérèse SENGO, l’épouse de M. Georges Luemba-di-Malila, ancien Bourgmestre de la commune de Ndjili à Kinshasa.  

    M. Bravo était aussi connu du grand public grâce à ses grandes qualités sportives, qui en firent un homme très populaire. En effet, il fut le gardien des buts de la fameuse équipe interraciale de Thysville dénommée EUROAFRIQUE. Dans cette équipe, il avait comme coéquipiers les meilleurs joueurs de l'Amicale et des Diables Rouges, notamment Mfumu a Mpa, Porqué, le petit frère de Mfumu a Mpa qui jouait comme ailier gauche, Pierre Moke, défenseur (back gauche), l'avant centre Amara Sidi (roi de la Plaine), Mizele Courant et autres Makonko alias Roi des Ciseaux. M Bravo qui se sentait comme un poisson dans l'eau à Mbanza Ngungu fut obligé de quitter le pays au moment de la zaïrianisation. C'est la mort dans l'âme qu'il abandonna tous ses biens, ses nombreux amis pour regagner son Portugal natal. Depuis lors, on n'a plus eu de ses nouvelles. La Banque Internationale du Congo, BIC en sigle fonctionne aujourd'hui à l'ancien emplacement du studio Bravo. 

    Pour la petite anecdote, M. Bravo qui vivait seul avait beaucoup de succès auprès de la gente féminine. Outre le football, il pratiquait aussi le tennis pour garder sa forme physique. Les terrains situés au Cercle sportif et celui situé à la place Immocongo, à l’actuel emplacement de l’ISP servait de lieu de distraction pour ses expatriés. Mais souvent, pendant que ses congénères jouaient, lui était occupé sans cesse à prendre des photos. On dirait qu’il était devenu un accro de son métier...

    Kocsis
    Simbi kia Nkulu

     


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