• Kinfunia Marcel alias Modi, le magicien aux pieds d'or

    Pour satisfaire la curiosité des Gwagwamen et les amoureux du ballon rond, je me permets de vous présenter le phénoménal Modi, le joueur qui a créé la légende du FC GwaGwa. Pour paraphraser Nyoka Longo, je peux vous confirmer que ce qui est vrai avec Zaïko, l’est aussi avec GwaGwa. Il existe à Mbanza Ngungu des hommes qui ont créé la légende de GwaGwa, et d’autres personnes qui ont été créées par GwaGwa. Parmi les hommes faisant partie de la première catégorie, c'est-à-dire les joueurs, fondateurs de cette formation et de son mythe, nous pouvons vous citer le nom de Modi. De son vrai nom Kimfunia Marcel, ce joueur racé restera sans conteste cette figure emblématique dont les prouesses resteront à jamais inégalées par toutes les générations qui se sont succédées au sein de ce club. Ses grandes qualités techniques étaient incomparables. C'était une génie du football à qui le ballon rond obéissait aveuglément.  Il réussit des choses incroyables sur un terrain de jeu et sans coup férir, il créa l'unanimité autour de son nom, dans la mesure où sa classe ne laissa personne indifférente. Même ses adversaires le respectait. J’ai connu Modi à l’école primaire officielle de Thysville où nous avons étudié ensemble avec son grand frère Mbuilu Simon. Nous sommes partis ensemble à l'Athénée de Thysville et c'est là où j'ai eu l'occasion de le découvrir dans ses oeuvres avant de l'incorporer au sein de la ligne d'attaque des Jeunes GwaGwa. Dès son arrivée dans l'équipe, le jeu de notre formation se métamorphosa. Notre grande victoire à Nsona Nkulu contre les Maquisards porte sa signature. Il a fait aussi pleurer Ricky Dingani, toujours au stade de Nsona Nkulu en inscrivant le wimning goal à la toute dernière minute d'un match interdit aux cardiaques. Contrairement à ce que d'aucuns pouvait croire, Modi n'était pas un Kinois. Son Papa travaillait comme Assistant Médical à l'IME Kimpese. C’est pour dire simplement que le football ne se pratique pas seulement à Kinshasa.

    Etant moi-même un férus du ballon rond, je n'ai pas connu à Thysville un joueur de sa trempe. On dirait qu'il était à la fois la réincarnation de Kataps, de Raoul Kidumu ou de Michel Salambiaku Makonga, trois attaquants dont chacun dans son registre avaient fait vibrer le difficile public ngunguois. Le moment de son arrivée sur la scène sportive ngunguoise fut aussi parfait. Il coïncida avec le départ de Raoul et Makonga à Kinshasa. Ainsi, le plus naturellement du monde, c'est lui qui assurera leur relève et fera danser les nombreux fans des Jeunes GwaGwa. Ce garçon était glorifié par tous les amoureux du beau football. Ces adversaires le craignaient et avaient une peur bleue pour se frotter à lui.

    Que des souvenirs, des émotions et des moments de joie vécus en compagnie de ce garçon qui fut irresistible, tellement son style de jeu était très particulier. Très timide, mais rusé, Modi fut un buteur hors pair, un véritable renard qui savait flairer le ballon dans la surface de réparation. Rares sont les rencontres où il est  sorti  bredouille d'un terrain de jeu. C'était l'homme des situations difficiles. Nos amis des Maquisards et de Dravering garderont toujours dans leurs esprits les cauchemars qu’ils avaient vécu à cause de ce joueur atypique. Sa disparition prématurée priva le football congolais d'une vedette confirmée dont l’avenir était toute tracée. Voici comment il a créé le mythe qui colle à la peau des nombreux GwaGwamen.

    Le match “fondateur” de la légende du FC GwaGwa

    Ce n’est pas contre le FC Mikado où contre le FC Dravering que le FC Jeunes GwaGwa avait livré l’une des rencontres les plus décisives de sa longue histoire. En 1967, c’était un après midi de mercredi. Ce jour là, il avait fortement plu dans toute la cité. Un public très nombreux attendait les Jeunes GwaGwa  qui devaient croiser les fers avec le FC Foudre du président Hyacinthe Samba et de l'entraîneur Ndu Dereck en match de championnat. A cause de dame la pluie qui avait rendu le terrain impraticable, tout le monde était convaincu que le match serait reporté. Kocsis qui avait auparavant fait appel à ses pieds noirs,  renvoya Fanfan, Medium et Zorrino, les trois joueurs vedettes qui résidaient à l’internat de l’Athénée de Thysville et sur lesquels il comptait pour ce match, leur autorisation de sortie à l’internat où ils étaient logés étant limité dans le temps.  C’était sans compter avec Célestin Mayayila le Délégué du match, qui dans une ambiance déjà électrisée et surchauffée, avec des nerfs à fleur de peau va trancher et décréter de manière nette et catégorique que le match devait avoir lieu. Les gesticulations et protestations des dirigeants de Jeunes GwaGwa n’arrivèrent pas à lui faire changer sa position. 

    Boulba et Sekele qui auparavant figuraient sur l’équipe de réserve se feront d’ailleurs prier pour accepter de prendre place dans l’équipe qui devait monter sur le terrain. Entre-temps, Papa Lex Mayemba, l’homme des situations difficiles fut envoyé en catastrophe pour récupérer Modi au quartier Christ Roi où  celui-ci habitait chez sa tante, qui par hasard est la mère de notre frère et ami Germain Ntetani. Modi qui adorait son équipe, arriva au stade au pas de course et presque épuisé, et juste à quelques secondes du coup d’envoi. Dans un terrain presque impraticable et rendu boueux par la pluie, les deux équipes livrèrent un match d’une extrême beauté et le keeping de Tazi, à l’époque où il était gardien de buts,  fut irréprochable de bout en bout. Quant à Nlandu Mukasu, l’arrière central du TP Foudre, il fut d’une méchanceté incroyable. Il fit passer des moments très pénibles à Modi qui pour la première fois était bien muselé. Tazi et Nlandu ne furent pas les seuls grands acteurs dans cette équipe de réserve du FC Mikado où on retrouva des joueurs de classe comme Tison Diasonama, Jadot Nsingi, Nitu Raoul et le virevoltant Lukombo Mutshi. Il restait encore quelques poussières de secondes pour que l’arbitre renvoie les deux équipes sur le score de parité lorsque Jeunes Gwa Gwa bénéficia d’un coup franc à l’orée de la surface de réparation. D’habitude, c’est Gento ou Boulba qui exécutait ce genre d’exercice. Cette fois-là, Marcel Kimfunia prit lui-même les choses en main. Il souffla à Gento qui voulait tirer le coup franc, de lui laisser tenter sa chance, car dira-t-il, il sentait des fourmis dans ces jambes et par conséquent il ne pouvait pas rater une telle occasion. Après avoir récupéré la boule, il la posa calmement à l’endroit que l’arbitre venait de lui indiquer. Il recula, prit son élan et lorsqu’il lâcha son bolide, tel une fusée, le ballon s’en alla mourir dans la lucarne du but gardé par Tazi. Et ce fut le délire au stade, particulièrement auprès des supporters des bleu et blanc. Ce but fut considéré comme celui de la délivrance. Déçus, les supporters des Matebos qui croyaient avoir tenu leur grand rival en échec se ruèrent sur l’arbitre, provoquant ainsi l’arrêt total de la partie dans la confusion la plus totale.

    Ce moment de panique passé, Robert Kuzoma alias Magie, considéré à juste titre comme le tout premier Ambassadeur ou Président des supporters de GwaGwa  descendit du pourtour où étaient massés la meute des fanatiques de son équipe et lança pour la toute première fois, cet hymne légendaire que nous chantons depuis quarante ans par ces cris :

    Meku Meku Meku Meku Meku                                                        

    Le public enivré répondit :  eeeh ehhh Modi!!!                              

     Magie enchaîna par : Awa na Ngungu                                               

          Les supporters répondirent en chœur : Gwa Gwa !!!                           

            Et c’est parti pour l’éternité…..                                                                    

    - Voilà les circonstances dans lesquelles naquit une légende, 

    - Voilà comment un simple coup franc, mais judicieusement botté par un vrai magicien de football électrisa tous les GwaGwamen 

    - Voilà comment le refrain d’une chanson entonné par des centaines des supporters présents ce jour-là au Stade de l’Offitra, deviendra un hymne de légende et ce futur cri de guerre qui symbolise et pérennise à jamais ces liens sacrés, qui de génération en génération unissent pour toujours tous ces hommes, toutes ces femmes, jeunes et vieux qui croient au mythe de cette formation.                                                                                         

    - Qui parmi ces nombreux sportifs présents à cette rencontre  pouvait s’imaginer ce jour-là, qu’une grande équipe venait de naître  à Mbanza Ngungu ?

    - Qui se souvient encore de cette rencontre?
    - Voilà pourquoi nous disons toujours que GwaGwa reste non seulement un mythe, mais c’est toute une légende ….
    - GwaGwa, c’est de la magie… GwaGwa, widi Nkisi !!!

     

     


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